L’enfer de la canicule sous les toits de Paris : « Tout l’étage est absolument invivable »

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La France traverse un deuxième épisode de forte chaleur depuis le début de l’été et, dans les chambres de bonnes, étudiants et familles étouffent. À chacun ses techniques pour tenir le coup, avec ou sans succès.

« Il peut faire plus de 40 degrés chez moi », souffle Séverine. Alors que le thermomètre a frôlé les 38 degrés dans la capitale ce lundi 12 août, la chaleur ne laisse aucun répit à cette mère de 45 ans qui vit avec son fils de 10 ans, sous les toits du XVIe arrondissement. Asthmatique, celle qui a fait de la garde d’enfant son métier tente de trouver des solutions pour lutter contre la chaleur écrasante qui l’empêche de respirer, mais sans succès… « Je mets une couverture de survie à ma fenêtre, mais j’ai un châssis trop haut, alors le soleil et la chaleur passent quand même », raconte-t-elle.

Dans son appartement de 19 m2 exposé plein sud, le soleil tape dès 13 heures et jusqu’au soir. Ainsi, le moment qu’elle redoute le plus, ce sont les nuits. « J’étouffe. On ne peut pas dormir. C’est très dur, je redoute les canicules chaque année. » Mais plus que tout, c’est pour son petit garçon que son cœur se serre. « Il mange très peu. Chaque été, c’est un gros stress. »

Paris (XVIe), ce lundi. Sous les toits, la température grimpe facilement au-delà des 30 °C.
Paris (XVIe), ce lundi. Sous les toits, la température grimpe facilement au-delà des 30 °C. LP/Noa Ambrosino

« Se poser sur le canapé, c’est juste impossible »

C’est l’angoisse aussi pour Lou Ann qui partage ce sentiment d’oppression. « L’air ne se renouvelle pas, ça me rend folle. Je ferme tout pour éviter la lumière. L’appartement est dans le noir. » Pour trouver un peu de répit, elle enchaîne les douches fraîches, transforme un simple t-shirt en linge mouillé, et s’allonge sur une grande serviette étalée à même le sol.

« Se poser sur le canapé, c’est juste impossible. Le tissu retient trop la chaleur », confie-t-elle. Elle aussi ne trouve pas forcément l’appétit, mais pour se rafraîchir, elle sirote des boissons glacées, parfois en buvant simplement l’eau des glaçons fondus. « Je n’ai pas les moyens de m’acheter un ventilateur, et de toute façon, ça ne sert à rien s’il ne fait que brasser de l’air chaud », abonde encore Lou Ann, une étudiante qui partage un 40 m2 à deux dans le XIe arrondissement.

Sortir pour se rafraîchir ?

Où aller pour respirer ? Layla, elle, a trouvé sa solution : dès que la température baisse un peu dehors, elle ouvre sa porte et sa fenêtre pour créer un courant d’air. « Sinon, je sors dans un endroit couvert et climatisé. Par exemple, aujourd’hui, je vais dans un centre de loisirs qui se trouve dans Paris », raconte l’étudiante en économie installée dans une résidence du XVe arrondissement.


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Séverine, de son côté, préfère les espaces ouverts. « Je sors le plus possible vers le bois de Boulogne (XVIe), par exemple, ou la piscine », illustre la nourrice. « Je m’arrange aussi pour manger à l’extérieur. En brasserie, ou en pique-nique en fonction de mon budget. Quand on ne peut pas partir en vacances, je mets mon fils au centre de loisirs. Il n’aime pas trop, mais il est mieux là-bas que dans notre four », s’émeut la maman.

Quant à Lou Ann, elle choisit le cinéma pour respirer. « Par ces moments de canicule,dans Paris, c’est partout la même chose. Au cinéma, je suis au frais », rapporte l’étudiante.

Pas moyen de partir

Layla travaille pour un petit job d’été en banque, alors pas possible d’éviter l’épisode de chaleur de ces prochains jours. Même combat pour Séverine, qui arrive seulement à s’échapper quelques week-ends dans sa famille, et pour Lou Ann qui travaille aussi en juillet et août.

En revanche, pas question de mettre les pieds dans la capitale en ce moment pour Philippe. Ce statisticien d’une organisation internationale a une chambre de bonne sous les toits dans le XVe arrondissement, mais là « c’est très dur, il fait très chaud et tout l’étage est absolument invivable », observe Philippe qui a quitté Paris pour sa résidence secondaire à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône)… où il peut vivre un peu mieux la vague de chaleur.

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