Le Français s’est offert son troisième sacre individuel aux Jeux olympiques en infligeant un magistral ippon au Coréen Kim Minjong en finale.
C’est ce qu’on appelle une belle boîte. Mais celle-ci vaut de l’or dans des JO à la maison. Teddy Riner s’est offert un troisième titre olympique en individuel vendredi, s’imposant sur ippon en finale des + 100 kg pour offrir au judo français son premier sacre dans ces Jeux. Une victoire acquise dans les dernières secondes de son combat face au Coréen Kim Minjong, expédié au sol d’un mouvement puissant et impressionnant par celui qui a allumé, il y a une semaine, la vasque olympique avec Marie-José Pérec.
Un geste qui a fait bondir de joie des millions de personnes devant leur télévision et toute l’Arena Champ-de-Mars. Mais comment le Guadeloupéen a réussi à faire s’envoler son adversaire de la sorte ? Vice-championne olympique en 2004 et consultante pour Eurosport, l’ancienne judokate Frédérique Jossinet, vice championne olympique en 2004, nous décrypte l’action décisive.
La préparation
Si tout semble aller très vite, l’attaque de Teddy Riner prend sa source quelques secondes auparavant. Le Français va vers l’avant, et pose les jalons avec sa main droite. « Il vient poser sa garde, son kumi-kata, explique la vice-présidente en charge du haut niveau à la fédération. Il fait un prédéplacement pour venir déposer sa main derrière la tête du Coréen, ce que l’autre ne lui laissait pas faire en début de combat. On voit aussi qu’il la place un peu plus loin dans le dos pour aller chercher un peu de kimono, avoir plus de tissu en main pour pouvoir mieux attaquer ensuite. Il y a une question de timing là-dedans. Il reste 20 secondes, je pense que son adversaire s’est un tout petit peu relâché. C’est normal, c’est inconscient. Il a dû se dire qu’il allait tenter d’aller au golden-score. Sauf que quand Teddy a pris sa garde, qu’il s’est placé, il a dû ressentir l’adversaire. »
L’attaque
Face au léger relâchement et à la fatigue de son adversaire, Teddy Riner passe à l’attaque. Vite, et fort. « Il le tasse un peu. Puis, il prend de l’élan avec sa jambe droite et il vient enclencher une prise qu’on appelle harai-goshi, analyse Frédérique Jossinet. C’est un grand fauchage extérieur. Pour s’aider, il vient aussi tracter très fort le haut du corps du Coréen avec sa main. Grâce à ça, il est déjà en train de basculer. Il n’a plus qu’à le faucher. Il prend un petit risque en y allant, mais c’est contrôlé et c’est surtout formidablement bien exécuté. »
La finition
L’attaque est lancée, les pieds Kim Minjong perdent le contact avec le sol. « Il lui met un tel envol, sourit l’ancienne judokate. Il l’a tracté comme jamais, c’est pour cela que son adversaire s’est envolé. Il sent le coup, dégaine, et met une telle puissance qu’il le fait monter haut à ce point. »
Son dos est le premier à retrouver le tatami. Et lourdement. Riner exulte, conscient que le combat est gagné. « C’est un coup de génie de l’enclencher à ce moment-là, appuie la médaillée d’argent olympique. Mais c’est maîtrisé. Le Coréen ne peut rien faire. »