Venezuela : manifestations, un mort, liaisons aériennes suspendues… journée de tensions après la réélection contestée de Maduro

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A man bangs a cooking pot during a protest against Venezuelan President Nicolas Maduro's government in Valencia, Carabobo state, Venezuela on July 29, 2024, a day after the Venezuelan presidential election. Protests erupted in parts of Caracas Monday against the re-election victory claimed by Venezuelan President Nicolas Maduro but disputed by the opposition and questioned internationally, AFP journalists observed. (Photo by Juan Carlos HERNANDEZ / AFP)

La réélection de Nicolas Maduro à la présidence, contestée par l’opposition et remise en doute par plusieurs pays, a entraîné des manifestations au Venezuela, lors desquelles ont eu lieu des heurts avec la police.

L’élection est encore violemment contestée. Une personne a été tuée dans l’une des manifestations qui ont éclaté lundi au Venezuela, après la réélection discutée du président Nicolas Maduro, a rapporté l’ONG Foro Penal, spécialisée dans la défense des prisonniers politiques.

« Au moins une personne a été tuée dans (l’État de) Yaracuy (nord-ouest) et 46 personnes sont détenues » à la suite des événements postélectoraux, a écrit Alfredo Romero, directeur de l’organisation, sur le réseau social X.

Des milliers de manifestants dans le pays

« Qu’il rende le pouvoir maintenant », ont lancé lundi des milliers de manifestants dans plusieurs quartiers pauvres de Caracas, certains brûlant des affiches à l’effigie du président, ont constaté des journalistes de l’AFP. « C’est la fraude la plus massive au monde », s’insurge Luis Garcia, 23 ans, dans la foule des protestataires à Pétaré, dans l’est de Caracas. « Pour la liberté de notre pays ! Pour l’avenir de nos enfants. Que Maduro s’en aille ! », crie Marina Sugey, 42 ans.

Les manifestants, qui ont lancé des pierres, ont été dispersés par des tirs de grenades lacrymogènes alors qu’ils se rapprochaient du centre de la capitale. Les cortèges ont été ponctués d’échauffourées avec les forces de l’ordre.

La campagne et le scrutin s’étaient déjà déroulés dans une ambiance tendue, l’opposition dénonçant de nombreuses intimidations et arrestations. Caracas avait limité la possibilité d’observer le déroulement du scrutin.

Vols suspendus et personnel diplomatique rappelé

Si Nicolas Maduro a reçu le soutien de la Russie et de la Chine ainsi que de ses alliés habituels (Cuba, Nicaragua, Honduras et Bolivie), il semble être isolé avec l’afflux de réactions négatives ou sceptiques de la communauté internationale. Neuf pays d’Amérique latine (Argentine, Costa Rica, Équateur, Guatemala, Panama, Paraguay, Pérou, République dominicaine, Uruguay) ont ainsi appelé dans une déclaration commune à un « réexamen complet avec la présence d’observateurs électoraux indépendants ».

Le Brésil et la Colombie, deux pays de gauche, ont demandé une vérification du dépouillement alors que les États-Unis ont affirmé « craindre que le résultat annoncé ne reflète pas la volonté ou le vote du peuple vénézuélien ». Caracas a réagi à cette levée de boucliers en retirant son personnel diplomatique de sept pays d’Amérique latine (Argentine, Chili, Costa Rica, Panama, Pérou, République dominicaine et Uruguay), estimant que leur position « porte atteinte à la souveraineté nationale ».

Le Venezuela a aussi annoncé suspendre à partir de mercredi les vols avec le Panama et la République dominicaine, dénonçant des « actions d’ingérence » de ces gouvernements.

L’opposition dit pouvoir apporter des « preuves » de sa victoire

Nicolas Maduro a été officiellement proclamé lundi président du Venezuela par le Conseil national électoral (CNE). Balayant les critiques de l’opposition et de la communauté internationale, il a dénoncé une tentative d’imposer un « coup d’État fasciste au Venezuela ».

Selon les résultats officiels du CNE, Nicolas Maduro, 61 ans, l’héritier de l’ancien président Hugo Chavez (1999-2013), a été réélu pour un troisième mandat consécutif de six ans avec 5,15 millions de voix (51,2 %). Et Edmundo Gonzalez Urrutia, 74 ans, en a recueilli un peu moins de 4,5 millions (44,2 %). L’opposition, qui espérait mettre fin à 25 années de pouvoir chaviste, avait aussitôt rejeté ce résultat.

Ainsi lundi soir, la cheffe de l’opposition vénézuélienne Maria Corina Machado, qui n’avait pu se présenter au scrutin car déclarée inéligible par le pouvoir, a assuré lors d’une conférence de presse que l’opposition avait les moyens de « prouver » la victoire de son candidat Edmundo Gonzalez Urrutia. L’opposition a réuni 73 % des bordereaux de résultats des bureaux de vote et selon elle, Edmundo Gonzalez Urrutia a obtenu 6,27 millions de voix, contre 2,7 millions au président sortant Nicolas Maduro, proclamé vainqueur par le CNE.

Maria Corina Machado a affirmé que ces « preuves de la victoire » ont été fournies à « des dirigeants » dans le monde et qu’elles seraient mises en ligne pendant la nuit.

La veille, le chef du CNE avait dénoncé une « agression contre le système de transmission des données qui a retardé » le décompte. Ces décomptes par bureaux de vote que réclament l’opposition et la communauté internationale ne sont pas disponibles. Lundi, le parquet a ouvert une enquête, évoquant l’implication de Maria Corina Machado dans ce « piratage ».

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