Prix de l’électricité : le gouvernement annule l’augmentation prévue au 1er août

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Paris - Dimanche 30 juillet 2023 Illustration ampoules - Energie - éléctricité - consommation d'énergie © Arnaud Dumontier pour Le Parisien

Elle devait entraîner un coût supplémentaire de « 10 à 40 euros » par ménage. Mais face à la fronde provoquée par une énième hausse des tarifs du gaz début juillet, et alors que le pays traverse une crise politique, le gouvernement a décidé de maintenir les prix actuels de l’électricité.

Le jeu n’en valait sans doute pas la chandelle. Alors que le pays traverse actuellement une crise institutionnelle, consécutive à la dissolution de l’Assemblée nationale voulue par Emmanuel Macron le 9 juin, le gouvernement n’a pas voulu jeter davantage d’huile sur le feu. Et la hausse des tarifs d’électricité qui était prévue pour le 1er août n’aura finalement pas lieu.

Comme chaque année à cette époque, la Commission de régulation de l’énergie (CRE) met à jour ses calculs concernant l’une des principales taxes qui pèsent sur les prix de l’électricité : le TURPE (tarif d’utilisation du réseau public d’électricité). Ce péage, acquitté par tous les fournisseurs pour que leurs électrons soient autorisés à emprunter le réseau national, doit a minima couvrir les coûts d’utilisation, d’entretien et de modernisation des 106 000 km de lignes haute tension, mais également des 1,4 million de km de lignes moyenne et basse tension qui relient les habitations et les entreprises.

« Une décision de bon sens »

Du fait notamment de l’intégration du renouvelable dans la production d’électricité, mais également des objectifs de décarbonation, ces coûts ne cessent de flamber depuis plusieurs années. « Les investissements nécessaires sur les lignes haute tension sont évalués à 100 milliards d’euros d’ici à 2040, rappelle le ministère de l’Énergie. Auxquels il faut rajouter 100 milliards d’euros supplémentaires pour le réseau secondaire. »

Ce « péage » rentre pour environ un tiers dans la composition du tarif réglementé de vente de l’électricité (TRVE). Un autre tiers est lié directement à la production ou l’achat, ainsi qu’aux coûts commerciaux quand le troisième tiers dépend, lui, directement de la fiscalité.

Cette année, cette taxe de transport de l’électricité sur le réseau devait, selon les calculs de la CRE, augmenter de 4,81 %. « Cela aurait entraîné une hausse de 10 à 40 euros de la facture des Français, alerte Roland Lescure, le ministre délégué chargé de l’Industrie et de l’Énergie. Alors même que les prévisions permettent d’anticiper une baisse équivalente voire supérieure dans les mois à venir. » L’accalmie observée actuellement sur les marchés de gros va effectivement mécaniquement impacter les tarifs dans les prochains mois. « Cette décision (d’annuler l’augmentation du tarif réglementé de l’électricité) est donc à la fois une décision de bon sens, et elle permet de protéger les consommateurs d’une hausse inutile », renchérit le ministre de l’Énergie.

Une flambée de 40 % sur la facture depuis deux ans

Il est vrai que ce « yo-yo » incessant des tarifs perturbe grandement les Français. Leur facture d’électricité a augmenté de plus de 40 % ces deux dernières années. Et celle du gaz est à l’avenant : elle a, elle aussi, bondi de 12 % le 1er juillet, soit juste au lendemain du premier tour des élections législatives anticipées. De quoi semer la panique au sein de l’exécutif. D’autant que le Rassemblement national s’est immédiatement emparé du sujet pour fustiger la politique énergétique et tarifaire du gouvernement, et rappeler son intention de baisser la TVA sur les produits énergétiques (gaz, électricité, fioul, carburants) de 20 % à 5,5 %.

Pas question, alors qu’aucune majorité ni coalition ne se dessinent pour l’instant dans la future Assemblée nationale, de redonner du grain à moudre aux oppositions. « Pour sa prochaine délibération (prévue début octobre), je vais demander à la CRE d’établir des prévisions qui permettent une visibilité long terme pour les consommateurs », précise encore Roland Lescure. Un pari risqué : car quels que soient les mouvements des marchés, il faudra bien à un moment ou un autre lancer les investissements nécessaires sur le réseau. Et nul doute alors que les ménages seront eux aussi mis pleinement à contribution.

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