Présence de Mbappé, musique arabe, VIP… Emmanuel Macron a reçu en grande pompe son homologue qatarien mardi pour une soirée de prestige à l’Élysée. Les dossiers graves n’étaient jamais loin…
Kylian Mbappé est l’un des premiers à faire son apparition dans la cour de l’Élysée. La star de l’équipe de France arbore une cravate rouge bordeaux, aux couleurs du Qatar. Il s’avance sur le tapis rouge, alors que la garde républicaine fait résonner un air enjoué. Il n’est pas encore 20 heures, ce mardi soir, et le dîner d’État en l’honneur de l’émir Tamim ben Hamad Al-Thani, va commencer. En tout, plus de 120 personnalités ont été conviées. Des ministres qatariens sont là, comme leurs homologues français (Gérald Darmanin, Rachida Dati, etc.). Gabriel Attal arrive directement du Salon de l’agriculture.
Sont présents dans la salle des fêtes du palais des grands capitaines d’industrie, des Français en lien avec le monde arabe (Jack Lang, Jean-Yves Le Drian) ou le chef Alain Ducasse, assis à côté du goleador parisien. L’ex président Nicolas Sarkozy et son ami Nasser Al-Khelaïfi, le président du PSG, sont placés côte à côte à la table d’honneur, près de Brigitte Macron. Le menu a été concocté par le trois-étoiles Christian Le Squer : premières asperges blanches grillées, caviar en entrée. Puis, du homard bleu de Bretagne, beurre baratté truffé, accompagné de pommes rattes du Touquet (une cité chère à Emmanuel Macron). En dessert, un Beaufort d’alpage et un plaisir sucré à la fève de cacao.
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Flatter les papilles est un grand classique de la diplomatie, qui ne doit pas faire illusion. L’heure est aussi aux dossiers compliqués… Lors de son toast, Emmanuel Macron salue « dix milliards d’euros » de promesses d’investissements qatariens d’ici 2 030. Mais aussi, des positions « convergentes » sur le plan de la défense et « le combat commun contre le terrorisme ». Le Qatar joue un rôle central, parfois dénoncé comme ambivalent par ses opposants, dans les discussions au Proche-Orient.
Otages : Macron remercie le Qatar
« Le chef de l’État a rappelé qu’il œuvrait main dans la main avec les Qatariens pour libérer les trois otages français, rapporte l’un des participants. Emmanuel Macron les a remerciés pour leur rôle dans la libération des autres ressortissants français. Il a aussi plaidé pour la préservation des populations de Gaza. Et martelé que l’avenir de cette région passait par la création de deux États, un palestinien et un israélien ». L’émir prend la parole en affirmant que la France est un « pays ami », « non pas un partenaire ». Puis, il déplore l’absence de consensus international sur une sortie politique dans le conflit. Avant de terminer son allocution par quelques mots en France – l’émir est francophone.
« C’était un moment très important dans la relation entre nos deux pays, avec des milliards d’euros d’investissements en jeu, c’est crucial pour notre balance commerciale. Quand il y a des désaccords, on se les dit, mais il faut continuer à partager et à collaborer », a estimé en sortant le député indépendant Liot, président du groupe d’amitié France-Qatar, Christophe Naegelen.
En fin de dîner, Kylian Mbappé, Brigitte Macron et l’émir du Qatar se mettent à l’écart et échangent en aparté. « Bonne chance », lui a d’ailleurs soufflé ce dernier, en début de soirée, dans une séquence captée par les caméras. Une référence, peut-être, au départ prochain de la star du PSG. Emmanuel Macron n’a lui pas fait d’allusion à ce départ… Se contentant de rappeler « combien Kylian avait excellé en finale de la Coupe du monde et combien il avait fait vibrer la France, lors d’une finale inoubliable », selon un témoin. À 22h20, la garde républicaine finit par quelques morceaux de musique arabe pendant que les invités se dirigent vers le perron. Les agapes se terminent. Les discussions diplomatiques, elles, vont s’intensifier en coulisses, alors que la visite d’État se poursuit ce mercredi.