France-Afrique du Sud (28-29) : cruelle désillusion pour les Bleus assommés par les Springboks

0
155
Stade de France, Saint-Denis, 93, France, le 15 octobre 2023 COUPE DU MONDE RUGBY FRANCE 2023 QUART DE FINALE France / Afrique du Sud Photo : LP / Olivier Corsan

Le XV de France a été éliminé en quart de finale de « sa » Coupe du monde de rugby, ce dimanche soir, au Stade de France, en s’inclinant d’un rien face aux champions du monde sud-africains (28-29).

Par Olivier François 

Le Stade de France s’est figé, semblant ne pas comprendre. Un mauvais renvoi, un plaquage raté, un ballon perdu, un ultime quart d’heure en apnée et c’est un monde qui s’effondre. Les Bleus ne toucheront pas le trophée William Webb-Ellis. Ils ne verront même pas les demi-finales de leur Coupe du monde, battus par l’Afrique du Sud (28-29) au terme d’un match d’une rare intensité. On s’attendait à un choc. Frontal, dévastateur et réjouissant à la fois. Il a tenu ses promesses. Ce n’était peut-être pas aussi aéré que le récital offert par les Néo-Zélandais et les Irlandais la veille, sur ce même gazon, et remporté par les All Blacks (28-24), mais question intensité et vitesse de jeu, c’en était tout proche. Avec un zest de puissance en plus.

Et là, surprise, les Springboks, érigés en épouvantails surdimensionnés et considérés comme les plus costauds de la planète ovale, ont d’abord trouvé leurs maîtres. Les Bleus ont tapé encore plus fort. Percutants, perforants, ils sont entrés à cent à l’heure, fonçant droit sur des adversaires presque décontenancés. Ils se sont même permis d’emporter un maul sur près de vingt mètres, une sorte de petite humiliation pour un rugbyman sud-africain. Il fallait aussi un chef d’orchestre. Et ils l’avaient. Antoine Dupont, sous son casque noir, a montré pourquoi il était irremplaçable. Tellement rapide dans ses décisions, tellement surprenant dans ses inspirations, tellement précis dans ses transmissions, qu’elles viennent de ses mains ou de ses pieds, le capitaine a illuminé ce sommet. Et tout cela, trois semaines seulement après avoir été opéré d’une fracture maxillo-zygomatique.

Dans ce tourbillon, les joueurs de Fabien Galthié, survoltés, ont donné le tournis aux Springboks, inscrivant trois essais en première période mais laissant leurs adversaires sur leurs talons, sur des contres ou des ballons laissés en route. Les Tricolores ont finalement perdu leur partie d’échecs. Les remplaçants sud-africains ont fait basculer la rencontre et l’essai en force du deuxième ligne d’Eben Etzebeth (67e) a renversé le cours d’une rencontre qu’ils ont cru tenir.

Un rendez-vous unique avec leur public, leur pays, leur histoire

Tout semblait pourtant rouler jusque-là, depuis la prise de fonction de Fabien Galthié fin 2019. Les résultats ont suivi : Grand Chelem en 2022, série inédite de 14 succès de suite, victoires sur toutes les grandes nations, dont le match d’ouverture du Mondial le 8 septembre contre les All Blacks (27-13). La flèche du temps chère au sélectionneur paraissait destinée à atteindre sa cible. Elle s’est brisée net. Problème stratégique ? L’Afrique du Sud, battue en novembre dernier (30-26) s’est adaptée et a trouvé la parade. Souci physique ? Les organismes ont-ils été poussés trop loin ? Ntamack et Willemse out lors de la préparation, Baille et Danty, touchés et de retour en cours de compétition, Marchand, blessé à une cuisse dès le match d’ouverture, conservé dans le groupe mais jamais revenu… Il y a eu de la casse chez les Bleus.

La data, au centre de la performance, a semble-t-il ses failles. Les Tricolores, avec leurs moyens illimités, n’étaient pas au-dessus, ni physiquement ni techniquement, des Springboks. Ils étaient même en dessous à bien des égards. L’engouement populaire n’aura servi à insuffler ce supplément d’âme. Les Tricolores n’ont pas su profiter de ces marques de soutien, de ces déferlantes cacophoniques qui résonnaient à leurs oreilles à chacune de leurs sorties. Ils s’en vont avec le sentiment d’avoir raté un rendez-vous unique avec leur public. Leur pays. Leur histoire. Avec l’amertume d’avoir failli dans leur mission. Il faudra se relever d’une telle désillusion.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici