Des peines de cinq et six mois de prison avec sursis ont été requises après ces faits de violences survenus lors d’une fête à Marseille en plein confinement, en août 2021.
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Par Le Parisien avec AFP
Le 27 septembre 2023 à 22h07
La procureure regrette que les deux gardiens de la paix soient toujours « dans le déni ». Des peines de cinq et six mois de prison avec sursis ont été requises mercredi contre deux policiers de la brigade anticriminalité (Bac) de Marseille pour des violences sur des jeunes lors d’une interpellation en plein confinement en avril 2021.
« On est confrontés à de très mauvaises pratiques professionnelles qui se transforment en infractions », a déploré la procureure Sylvie Odier qui n’a cependant pas réclamé d’interdiction professionnelle. Depuis les faits, les deux policiers n’exercent plus sur la voie publique. Elle a regretté également qu’ils soient « dans le déni (…). Dommage qu’ils n’aient pas fait cette remise en question : est-ce que je n’ai pas dérapé ? ».
Une « soufflette » à un jeune homme
Le tribunal a visionné des vidéos enregistrées par un voisin et transmises à la presse. Confrontés à des jeunes alcoolisés qui font la fête malgré le confinement et sont montés sur des échafaudages, on y voit le brigadier-chef, responsable de l’équipage de la Bac, interpeller un jeune homme, lui administrant en premier lieu une « claquette » ou une « soufflette ».
Lui-même reconnaît « un geste non approprié et non réglementaire mais nécessaire car il n’arrête pas de gesticuler ». Puis il le plaque sur le capot, « lui donne un coup de tête délibérément alors qu’il n’y a pas de danger », selon l’interprétation des images par la procureure. Le jeune homme maîtrisé par deux fonctionnaires répond alors par un coup de la main. Il est conduit menotté vers le véhicule alors que le policier l’empoigne par les cheveux.
Usage de gaz lacrymogène
Les vidéos montrent aussi un jeune gardien de la paix repousser une jeune femme qui n’accepte pas les violences sur son compagnon. Il la projette violemment au sol, la blessant, et l’asperge de gaz lacrymogène avant de la pousser à nouveau, occasionnant une seconde chute. « Je ne l’ai pas frappée, mon but était qu’elle rentre chez elle », s’est défendu le prévenu. « On n’est clairement pas dans une interpellation mais dans une agression », selon l’avocat des parties civiles, Me Thomas Hugues, qui a qualifié de « faux » le procès-verbal d’interpellation.
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« C’est une accumulation de plein de petites choses inutiles et disproportionnées », a déploré la procureure qui a requis cinq mois de prison avec sursis contre le brigadier-chef pour violence aggravée et six mois de prison avec sursis contre le gardien de la paix, celui-ci se voyant reprocher en outre l’usage d’une arme, la bombe lacrymogène.
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Concédant « peut-être des fautes déontologiques mais pas des infractions », Mes Carine Dip et Félicie Jassem ont réclamé la relaxe des deux policiers. Pour la défense, l’usage de la force a été « nécessaire et proportionné » car « sur le terrain, un policier dispose d’une demi-seconde pour savoir si la personne sort de sa poche ses clés ou une arme ». Ils seront jugés le 25 octobre.