Des études récentes se sont penchées sur leur préférence pour certaines personnes du fait de leurs odeurs corporelles, de leur microbiote cutané ou encore de la quantité de CO2 qu’elles dégagent.
Malgré les sprays, bougies et autres pièges, difficile d’échapper à leurs piqûres en fin de journée : la saison des moustiques est lancée. S’ils n’occasionnent le plus souvent que des désagréments l’été dans l’Hexagone, sous d’autres latitudes, les moustiques sont les insectes parmi les plus grands tueurs, en transportant différents parasites et virus (paludisme, dengue, chikungunya, zika…). Ils font donc l’objet de recherches régulières, et de récentes études se sont penchées sur leur préférence pour certaines personnes du fait de leurs odeurs corporelles, de leur microbiote cutané ou encore de la quantité de CO2 qu’elles dégagent.
Mais revenons d’abord sur le mécanisme de la piqûre de cet animal à sang froid, incapable de réguler sa température interne et donc proliférant chez nous l’été. En France, « parmi les 3 500 espèces dans le monde, le plus fréquent est le culex mais l’arrivée du tigre dans le sud de la France est en train de faire évoluer la situation », explique Anna-Bella Failloux, entomologiste médicale à l’Institut Pasteur (Paris).
C’est la femelle du moustique, donc, qui pique tous les cinq à sept jours. Elle enfonce sa trompe et injecte sa salive qui contient des centaines de molécules, entre autres anesthésiantes, anticoagulantes pour mieux absorber le sang. La réaction sur la peau est liée à l’allergie à cette salive. « En fait, en début de saison, dans une région donnée, les piqûres sont plus allergisantes. Au fur et à mesure, une immunité se développe mais seulement vis-à-vis des moustiques de cette région et les réactions allergiques finissent par être moins vives, ajoute Anna-Bella Failloux. Les anticorps contre les moustiques ont cependant une durée de vie limitée. »
Chacun sa peau, chacun sa chance. Pourquoi attire-t-on les moustiques ?
D’abord, l’odeur corporelle joue un rôle majeur. Il y a quelques jours, une étude américaine publiée dans la revue Science a révélé que les arômes des savons pouvaient changer la donne. Selon cette étude de l’Institut polytechnique de Virginie, les savons à odeurs florales – ceux des marques américaines Dove, Dial et Simple Truth – seraient plus attirants pour les moustiques. Le savon Native (parfum noix de coco) les repousserait plutôt.
Par ailleurs, sur la peau se trouvent quantité de bactéries, c’est ce que l’on appelle le microbiote cutané. Sa composition dépend des caractéristiques génétiques et de l’alimentation de chaque individu. « Ces bactéries cutanées vont libérer des composés organiques volatils différents d’une personne à l’autre, relève Anna-Bella Failloux. Certains sont plus attirants pour les moustiques que d’autres
Des chercheurs américains l’an dernier ont analysé la composition du microbiote cutané prélevé sur des personnes ayant une peau attirant les moustiques et sur d’autres ayant une peau peu attractive. Résultat : certains types de staphylocoques cutanés étaient quatre fois plus abondants dans le groupe très attractif pour les moustiques que dans le groupe peu attractif. « Ces connaissances, disent les auteurs de l’étude, pourraient améliorer les pièges à odeurs ou d’autres outils de lutte antimoustiques de nouvelle génération. »VIDÉO. Moustique-tigre : 3 questions à Anna-Bella Failloux, chercheuse à l’Institut PasteurAutre paramètre, le CO2 dégagé par le corps humain qui attire les moustiques… La peau absorbe l’oxygène de l’air et rejette le dioxyde de carbone, en particulier en plus grandes quantités après des efforts physiques. Elle devient alors plus attirante à ce moment pour ces insectes.
Des études plus anciennes ont également conclu que les buveurs de bière, les femmes enceintes et les personnes du groupe sanguin O étaient plus que d’autres la cible des moustiques.
Comment lutter ?Comment faire alors pour lutter contre ces fâcheux insectes ?
Première mesure, faire la chasse aux eaux stagnantes dans lesquelles les femelles pondent leurs œufs. Il faut donc éliminer ces eaux, dans les seaux, poubelles, pneus, récipients, à proximité du domicile… Il est aussi recommandé de mettre des vêtements couvrants et clairs, de placer des moustiquaires aux fenêtres, de prendre une douche fraîche et sans savon avant de dormir, d’avoir un ventilateur dans la chambre car il immobilise le moustique incapable de lutter contre les flux d’air, d’utiliser des produits répulsifs achetés en pharmacie… Les bougies ou essence à base de citronnelle auraient une efficacité limitée.Et si, malgré tout, vous vous faites piquer, les crèmes antihistaminiques ou celles à base de corticoïdes faiblement dosées peuvent apporter un certain soulagement.