La participation était à nouveau en baisse ce jeudi pour la douzième journée de mobilisation contre la réforme des retraites, les chiffres des syndicats comme ceux des autorités approchant leurs plus bas niveaux depuis le début du mouvement social.
De Lille à Marseille, en passant par Paris, les opposants à la réforme des retraites ont de nouveau donné de la voix ce jeudi. Mais la participation s’étiole depuis le sursaut provoqué par le 49.3. Cette douzième journée d’action, à la veille du verdict du Conseil constitutionnel, a rassemblé 380 000 personnes dans toute la France, selon le ministère de l’Intérieur, dont 42 000 à Paris.
La CGT fait, elle, état plus de 1,5 million de participants dans l’Hexagone (après avoir annoncé plus de un million de personnes, ce qui aurait été la plus faible participation revendiquée par le syndicat depuis le début du mouvement social), dont 400 000 dans la capitale. « Malgré une période de vacances scolaires, aujourd’hui, ce sont près de 280 manifestations et rassemblements encore organisés dans tout le pays », s’est félicité la CGT dans son communiqué.
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Pour la troisième semaine consécutive, le nombre de manifestants a diminué dans les cortèges partout en France, où 570 000 manifestants avaient été recensés la semaine dernière selon l’Intérieur. Dans l’Ouest, bastion de la contestation, ils étaient ainsi 10 000 à Nantes selon la police, 25 000 d’après les organisateurs, dans les deux cas au plus bas depuis le 11 mars – date de la plus faible mobilisation au niveau national à ce jour. Idem à Rennes, où 6 500 à 15 000 personnes ont défilé, à Rouen (4 500 à 9 000) et au Havre (entre 3 800 et 20 000), où les jauges ont rarement été si basses.
La tendance se vérifie aussi dans le centre, à Orléans (2 700 à 6 000) ou Clermont-Ferrand (6 000 à 10 000) et au sud, de Bayonne (3 000 à 7 000) à Nice (2 700 à 15 000) en passant par Montpellier (5 000 à 10 000). Comme souvent en cas de reflux, les écarts se creusent entre les estimations, en particulier à Toulouse avec un écart de un à huit (de 9 000 à 70 000) et même un record de un à vingt à Marseille (entre 6 500… et 130 000).
Pas « d’abdication » du mouvement, assure la gauche
Les responsables politiques de gauche présents ce jeudi dans le cortège parisien ont assuré que la mobilisation ne s’arrêterait pas, quelle que soit la décision vendredi du Conseil constitutionnel. La cheffe des députés LFI Mathilde Panot a jugé que l’institution « pourrait faire en sorte de sortir par le haut » de cette crise, en censurant totalement le texte. Et si elle ne censure pas l’ensemble, « alors le président ne doit pas promulguer la loi, sinon il ne pourra plus gouverner le pays », a-t-elle estimé.
Le premier secrétaire du PS Olivier Faure a quant à lui estimé que « nous sommes dans une impasse, dans laquelle le gouvernement et le président nous ont conduits », ajoutant qu’ « il y a quelque chose de complètement coincé au royaume de France », lors d’un point presse commun de la Nupes.
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« Ne croyez pas que parce que demain il y aurait une décision du Conseil constitutionnel qui serait prise, il y aurait une forme d’abdication de notre part », a-t-il averti, promettant de continuer à défendre, « par quelques moyens que ce soit, ce mouvement de mobilisation né sous nos yeux (…) pour lui donner un débouché politique ».