À l’image de la nature, l’entreprise existe au sein d’un tout. La qualité de son écosystème et sa capacité à interagir avec les acteurs qui le compose constitue la clé de voute du succès de la société de demain. Ainsi, à l’ère de la transformation de l’immobilier tertiaire, l’entreprise « traditionnelle » suit le pas et enclenche sa propre transformation vers l’entreprise « écosystème ».
La raison d’être de l’entreprise écosystème
La notion d’écosystème est la clé de voute de l’épanouissement de l’individu, de la société, de la planète entière. Qu’il s’agisse du règne végétal ou animal, la survie et l’évolution dépend des interactions entre la faune et la flore dans une zone définie. Dans une forêt, par exemple, arbres, champignons, fleurs, insectes et animaux interagissent au sein d’un même écosystème vertueux, inclusif et protecteur. Cette approche permet l’intégration d’une concurrence saine basée sur la croissance et le développement, où les bénéfices de certains profitent directement et indirectement à l’ensemble.
L’entreprise, à l’image de la nature, se développe de la même façon et nécessite un écosystème riche. Il n’est pas totalement dénué de sens d’appliquer le fonctionnement de la nature à l’entreprise. Cette façon d’appréhender l’entreprise est d’ailleurs loin d’être une nouveauté. Le lexique végétal n’a eu cesse de pénétrer le champ économique ces dernières années, à l’instar des notions de « jeunes pousses » et de « pépinières ». Cette approche écosystémique est pleine de vertus, permettant à tout un chacun d’apporter à la communauté d’entreprise du savoir-faire, de la technique ou encore de l’humain.
Elle est au cœur des réponses que les entreprises attendent : problématiques bâtimentaires, spatiales, digitales et humaines. De la même manière qu’un arbre ne peut pousser seul au milieu d’un désert sans faune et flore aux alentours, l’entreprise a elle aussi, besoin d’un écosystème. Ses clients, ses partenaires, commerces de proximités, sa ville, son quartier, les institutions publiques et culturelles… tant d’acteurs constituant l’écosystème vertueux de l’entreprise. L’entreprise se réinvente en commençant par dresser un diagnostic de sa place et de son influence au sein de cet écosystème, afin de sortir de l’approche solitaire pour aller vers l’approche écosystémique.
Une entreprise seule, parfois repliée au sein d’un bâtiment qui ne répond plus aux besoins de son époque, ne doit pas seulement accuser la COVID-19 d’avoir vidé ses locaux. S’il est vrai que cette crise a accéléré ce phénomène, l’assouplissement progressif des mesures sanitaires n’entraînera pas automatiquement un retour à la « normale ». Directeurs généraux, directeurs des ressources humaines, directeurs financiers doivent se poser ensemble de nouvelles questions et naviguer de conserve afin de faire face à ces nouveaux enjeux. Taux d’occupation des espaces, rétention des talents, attractivité de l’entreprise, consommation énergétique et digitalisation… sans mutualisation des contraintes et des enjeux, aucune solution ne peut être envisagée.
Ceci est d’autant plus vrai dans un contexte de transformation impliquant des réductions concrètes de consommation énergétique imposées par le décret tertiaire et attendues dès 2030. Plus tôt que tard, l’entreprise doit opérer sa révolution en phase avec les changements profonds que connait l’immobilier tertiaire aujourd’hui. Elle ne peut plus affronter seule les nouvelles normes qui lui sont imposées, tout comme les nouveaux enjeux auxquels elle est confrontée.
Comme souvent, la solution réside dans le collectif. En mutualisant ce qui hier était privé, y compris les usages, les entreprises réduisent coûts sociaux, écologiques et économiques. Le corpoworking (contraction de corporate et coworking) semble être une forme tangible de réponse concrète. Partager et concentrer au sein d’un même espace les activités d’un client, d’un prestataire ou d’un sous-traitant ne contribue pas seulement à la bonne reprise en main de l’espace et la réduction des coûts inhérents. Il propose en effet un environnement favorable aux synergies positives et réduit le délai de trajet entre une idée et sa mise en œuvre. Une condition s’impose cependant : il est essentiel d’hybrider ses espaces. Si depuis le développement de l’économie circulaire et collaborative il nous est devenu naturel de partager un trajet, un véhicule, un appartement ou une résidence secondaire, il en va tout autrement pour le partage de nos espaces tertiaires. Espaces à la frontière du personnel et du professionnel, du privé et du public mais aussi du mouvement et de la sédentarité, ils doivent se penser et se concevoir au-delà d’un indicateur classique de mètre carré. Ils doivent se repenser en termes d’usage et de qualité d’usage.
Ainsi demain les entreprises interagiront ensemble de manière vertueuse et symbiotique au sein d’un même écosystème, physique et digital. La naissance de cette grande forêt entrepreneuriale ne sera pas seulement due aux contraintes coercitives du législateur, mais à la prise en main interne de ses enjeux. C’est une question de survie !