L’artiste, qui fêtera ses 30 ans ce dimanche, a été placé en garde à vue dans le Val-de-Marne après un excès de vitesse. Il y a un an, il était tête d’affiche à l’Accor Arena. Portrait.
Il y a un an jour pour jour, Laylow remplissait l’Accor Arena à Bercy. Entouré d’invités prestigieux comme Nekfeu ou Damso, le Toulousain de 29 ans entrait par la grande porte dans la cour de ceux qui comptent dans la planète rap. Autre 11 mars, autre ambiance : ce samedi, il a été placé en garde à vue après un excès de vitesse dans le Val-de-Marne. Dans un premier temps, il a également été indiqué que Jérémy Larroux (son vrai nom) avait été contrôlé positif à la cocaïne. Mais selon une source judiciaire, les tests complémentaires n’ont pas révélé de présence de stupéfiants. Le jeune homme qui s’apprête à fêter ses 30 ans ce dimanche a été relâché à l’issue de sa garde à vue.
Quelle que soit l’issue de cet épisode d’insécurité routière, Laylow ne parlera sans doute pas à la presse. Ses interventions médiatiques sont plus que rares, elles se conjuguent au très conditionnel. Après le succès phénoménal de son deuxième album « L’Étrange histoire de Mr. Anderson », sorti en juillet 2021 sans promo ni trompette, on avait essayé de rencontrer ce jeune homme ambitieux qui venait d’accoucher d’un disque concept qui s’écoute comme on regarde un film. Mais une fois, deux fois, il avait décalé. Repoussées aussi les propositions de figurer au palmarès du prix Joséphine qui récompense les meilleurs albums de l’année. En marge, à part.
Le rappeur d’origine franco-ivoirienne n’est pas loquace. Face à un confrère du « Monde », en septembre 2021, il expliquait ce silence. « L’album disait déjà beaucoup sur moi, plaidait-il. Avec la musique, on ne peut pas expliquer les choses aussi clairement, mais si on tend une oreille, on peut comprendre comment je pense, comment je fonctionne, comment je me motive, par quelles étapes je suis passé. Au départ, je suis rentré dans le rap pour suivre les autres et, à la fin, j’essaie de créer mon propre univers. »
Une petite musique bien à lui
Un univers tourné vers le cinéma. Son premier album, « Trinity » faisait référence au film « Matrix ». Le suivant lorgne du côté de « Fight Club » ou de « Get out ». Le 7e art ? Pas la cinquième roue du carrosse dans l’œuvre du Toulousain, qui s’était inscrit en master de cinéma à l’université Paris-Diderot.
Dans son premier opus, vendu à 50 000 exemplaires, il faisait déjà entendre sa petite musique bien à lui, en racontant une romance pas comme les autres avec un logiciel de stimulation émotionnel. Fort, singulier. « Je me disais ce sont des bonnes idées pour le ciné, mais peut-être trop compliquée pour la musique », nous révélait-il en juillet 2021.
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Le suivant, logique pour ce fan d’histoires à l’écran, il le lance d’abord sous la forme d’un court-métrage dans lequel le rappeur-acteur s’affiche au volant d’un bolide jaune. Il se sait attendu au tournant, prend un virage inattendu. « J’aurais pu revenir avec un deuxième album qui parle du succès que j’ai rencontré, de ce qui a changé pour moi, mais c’est déjà vu et trop facile à faire. Les gens ne me suivent pas pour ça. »
Créer sa propre histoire, suivre son propre chemin : voilà en gros le message de « L’Étrange histoire de Mr. Anderson », aux textes sombres, mélancoliques, qui le propulsent au sommet : 130 000 exemplaires vendus et les tickets de deux Accor Arena vendus en quelques heures seulement.
Ce 11 mars 2022, c’est la consécration : le Toulousain retourne un Bercy en ébullition dans un décor gothique digne d’une superproduction de Tim Burton. « Il y a trois ans, je faisais la Boule noire (salle parisienne de 300 places), s’étonne-t-il lui-même sur scène. Je pouvais voir tous les visages. J’essaie de garder la même proximité. C’est un truc de ouf. Merci de permettre cette histoire. »
Il devait « rentrer dans [s] a grotte » pour préparer un album…
Le fan de ciné avait soigné ses vidéos, les tableaux se succédant comme dans un film. Avant un final après 1h40 de show. « S’il vous plaît prenez un peu de temps, j’ai quelque chose à vous dire, lance-t-il alors au public. Quand on était dans notre chambre, faire Bercy c’était impossible, même faire un disque d’or c’était impossible. Le message de mon deuxième album c’est de suivre vos rêves. » Pas de rappel, Laylow s’en va alors comme il est arrivé.
Tête d’affiche ensuite de festivals comme la Fête de l’Humanité ou We Love Green (concert finalement annulé pour cause d’intempéries), le rappeur avait prévu de « rentrer dans [s] a grotte » pour travailler sur un nouvel album. Il en est sorti ce week-end, mais sûrement pas de la manière dont il le souhaitait.