Vaccination contre le papillomavirus : pourquoi la France est à la traîne

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Méconnaissance du vaccin, crainte injustifiée, médecine scolaire en recul… La France peine à vacciner les adolescents contre le papillomavirus et accuse un retard important vis-à-vis des pays voisins.

En visite dans un collège de Charente, Emmanuel Macron a répété la nécessité d’accélérer la vaccination contre le papillomavirus, en annonçant une grande campagne dans les collèges, en classe de 5e. Malgré un vaccin à l’efficacité reconnue, sur le marché depuis 2007, la France reste cruellement à la traîne pour prévenir ces infections. À ce jour, le taux de couverture vaccinale ne dépasse pas les 37 % pour les filles, et 9 % pour les garçons. Un objectif bien en dessous des 80 % d’enfants vaccinés fixé à l’horizon 2030 par la stratégie de lutte contre les cancers.

Et la France se situe loin derrière ses voisins européens. « La Belgique ou l’Islande ont des taux de plus de 90 % quand l’Angleterre affiche plus de 80 % », observe Geoffroy Canlorbe, gynécologue obstétricien. Le manque de communication pourrait d’abord justifier cet écart. « En France, il faut savoir que 13 % des parents ayant des filles entre 15 et 18 ans n’ont jamais entendu parler de cette vaccination. Si des médecins de famille ne la proposent pas, comment voulez-vous que les patients le demandent ? », remarque Daniel Nizri, médecin et président de la Ligue contre le cancer. S’ajoute à cela le manque de moyens d’une médecine scolaire en souffrance.

« Une crainte injustifiée »

Sans surprise, le papillomavirus pâtit encore d’un « comportement de défiance comme pour tout vaccin en France », complète Cécile Badoual, cheffe du service d’anatomie et de cytologie pathologiques à l’hôpital Georges-Pompidou, à Paris. Lors de son arrivée sur le marché, des cas de sclérose en plaques avaient été rapportés chez certaines jeunes filles ayant reçu une injection. Depuis, des études n’ont démontré aucun lien entre ces troubles et le vaccin HPV. Mais la suspicion de certaines familles face à une « crainte injustifiée » a perduré, regrette Daniel Nizri.

Autre frein possible, selon l’oncologue, celui du coût de cette vaccination, autour d’une centaine d’euros par injection. L’Assurance maladie prenant 65 %, le reste doit être pris en charge par la mutuelle, « à condition d’en avoir une ». « Quand vous voyez les difficultés des gens qui sont à l’euro près pour remplir leur caddie, vous pensez bien que la santé ne sera pas leur priorité », poursuit le médecin.

Enfin, la tranche visée par cette vaccination, celle d’adolescents entre 11 et 14 ans, n’est pas la plus évidente à cibler. À cet âge, les filles ne consultent plus de pédiatre, mais ne vont pas encore chez le gynécologue. Surtout, certaines familles ont pu percevoir ce vaccin comme une porte d’entrée vers la sexualité. « Il est urgent de décorréler la vaccination à la sexualité mais de la corréler à un risque de cancer. Tant que le papillomavirus ne sera pas éradiqué, ce risque sera toujours présent », insiste Cécile Badoual.

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