Le célèbre comédien américain Kevin Hart a annulé son spectacle au Caire, prévu mardi 21 février. Les organisateurs invoquent des raisons logistiques. Mais cette décision survient “à la suite d’un tollé au sein du pays, une colère liée à des propos antérieurs de l’humoriste en faveur de l’afrocentrisme”, un courant de pensée qui place les populations noires et l’Afrique au centre de l’histoire mondiale, rapporte Middle East Eye.
La presse arabe revient sur cette polémique. Après l’annonce d’un spectacle de Kevin Hart, plusieurs médias de la région avaient rapporté des propos qu’aurait tenus l’humoriste concernant l’éducation des personnes noires aux États-Unis. Selon le site d’informations panarabe, qui relaie à son tour les propos incriminés sans les sourcer, il aurait déclaré : “Nous devons enseigner à nos enfants la véritable histoire des Africains noirs, l’époque où nous étions rois d’Égypte et pas seulement l’époque esclavagiste qui domine les cours aux États-Unis. Vous souvenez-vous du temps où nous étions rois ?”
Mais “les détracteurs de Hart l’accusent de déformer l’histoire et de s’approprier aux dépens des Arabes le passé antique égyptien, en affirmant que des Africains noirs étaient jadis rois d’Égypte”, explique Middle East Eye.
Afrocentrisme et nationalisme
Et des célébrités sont même montées au créneau au pays des pharaons, selon le site égyptien Ahram Online. “Certains commentateurs ont estimé que la décision d’annuler était une victoire pour les réseaux sociaux, qui ont démontré leur capacité à amorcer des changements.”
Une campagne virale avait appelé à boycotter le spectacle de la star, accusée par ses détracteurs de “blackwashing” et de “voler leur histoire”, relate également New Lines, un site d’informations spécialisé sur le Moyen-Orient.
“La polémique a déclenché des débats sur l’histoire, la vie politique et l’identité culturelle. De qui l’Égypte antique est-elle le patrimoine ? Qui régnait sur la civilisation du Nil ? Quelle était la couleur de peau des pharaons sacrés ?” écrit New Lines. Et d’expliquer que “les intellectuels qui défendent l’afrocentrisme affirment que l’héritage des pharaons était celui de leur peuple et que les Égyptiens de l’Antiquité étaient noirs”. Une pensée que réfutent certains égyptologues prééminents.