Les députés ont encore cinq jours pour débattre du projet de loi, avant qu’il ne soit envoyé au Sénat.
L’Assemblée nationale reprend ce lundi après-midi l’examen tumultueux de la réforme des retraites, sous la pression de la rue et des syndicats, qui agitent la menace d’une « France à l’arrêt » à partir du 7 mars.
Les débats redémarrent à 16 heures au Palais-Bourbon, après une première semaine au ralenti secouée par les invectives et les accès de tension dans l’hémicycle, menant même à l’exclusion pour quinze jours d’un député insoumis pour un tweet polémique sur le ministre du Travail Olivier Dussopt, porteur de la réforme.
« Connerie » de l’obstruction
Les discussions prendront fin vendredi à minuit en première lecture, que les députés aient ou non achevé l’examen du projet de loi, qui partira par la suite au Sénat. Les débats seront rythmés, jeudi, par une cinquième journée d’action à l’appel de l’intersyndicale. Noyés sous les 15.800 amendements restants, les députés atteindront-ils au moins l’article 7 sur le report de l’âge légal de départ à 64 ans?
C’est ce que réclament en choeur les syndicats. Dimanche, le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger a dénoncé sur RTL la « connerie » de l’obstruction, visant La France insoumise à l’origine de la grande majorité des amendements déposés. Il a aussi déploré le « spectacle lamentable » à l’Assemblée, qui n’a « rien à voir avec la dignité du mouvement de la rue ».
Côté mobilisation, la manifestation de samedi, plus familiale, a attiré entre 963.000 et 2,5 millions de manifestants selon les sources, et conforte l’intersyndicale dans sa stratégie. Après la nouvelle journée d’action jeudi, elle agite le spectre, si le gouvernement et le Parlement devaient rester « sourds » aux revendications, d’une « France à l’arrêt » à partir du 7 mars, après les vacances scolaires.
« Bloquer »
« Paralyser et bloquer le pays, ce serait contre-productif », a réagi la présidente des députés Renaissance Aurore Bergé sur BFMTV dimanche, demandant aux syndicats de dialoguer « au-delà de la réforme des retraites sur la question du travail, de l’emploi ».
Car sur les retraites, chacun campe sur ses positions. Le porte-parole du gouvernement Olivier Véran a répété la ligne de l’exécutif dimanche: « nécessité » du report de l’âge légal à 64 ans et « écoute » pour renforcer le dispositif « index senior » durant les débats parlementaires, afin de pousser les entreprises à garder les plus de 55 ans dans l’emploi.
C’est justement sur l’emploi des salariés âgés que les députés reprendront leurs travaux lundi, avec une rafale d’amendements dans tous les camps. L’index senior, « ça fait décoration, mais à la fin ça ne change rien à la philosophie », tacle l’écologiste Sandrine Rousseau.
Jean-Luc Mélenchon propose aux syndicats « une nouvelle convergence »
La coalition Nupes compte ensuite défendre ses pistes de « financements alternatifs » pour les retraites, avec un nouvel appel à taxer les « superprofits » des plus grandes entreprises, un débat récurrent à l’Assemblée depuis l’été.
Le camp présidentiel ne dispose que d’une majorité relative à l’Assemblée, mais les premiers votes ont plutôt rassuré les macronistes sur les forces en présence dans l’hémicycle.
La gauche mise sur l’endurance de la rue pour tenir tête au gouvernement. Samedi soir sur son blog, le leader LFI Jean-Luc Mélenchon a proposé aux syndicats, « une nouvelle convergence » avec « un appel à un rassemblement un samedi ou dimanche de mars pour entourer en masse l’action ».
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Le RN en « gendre idéal »
Pour sa part, la cheffe de file des députés RN, Marine Le Pen, qui n’avait pas appelé à manifester, a jugé qu’après la mobilisation de samedi, « l’exécutif ne (pouvait) pas continuer à regarder ailleurs en refusant d’entendre les Français ». Dans les rangs présidentiels, nombreux sont les députés à redouter que l’extrême droite profite de l’image renvoyée dans l’hémicycle.