Coupe du monde 2022 : le Qatar reconnaît la mort de centaines de migrants sur les chantiers

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Le Qatar et la Fifa assuraient jusqu’alors que trois ouvriers étaient décédés dans des circonstances douteuses, mais le patron du Comité d’organisation vient d’admettre une estimation bien supérieure.

FOOTBALL – « Un mort est un mort de trop ». Le patron de la Coupe du monde 2022, Hassan Al-Thawadi, a estimé ce lundi 28 novembre qu’environ « 400 à 500 travailleurs migrants » étaient décédés à la suite des travaux effectués sur les chantiers du tournoi. Cette déclaration, faite lors d’une interview donnée au journaliste britannique Piers Morgan sur TalkTV, marque une nette inflexion du discours jusque-là tenu par le Qatar, qui a toujours réfuté le chiffre de « 6500 ouvriers » décédés sur les chantiers.

Une enquête du quotidien britannique The Guardian avait en effet révélé début 2021 que 6500 travailleurs originaires d’Inde, du Bangladesh, du Népal, du Pakistan et du Sri Lanka étaient morts lors de la construction des stades. Un chiffre issu de sources officielles, mais largement contesté par organisateurs qataris et la Fifa. Selon le patron de l’instance qui régit le football mondial, Gianni Infantino, trois personnes tout au plus avaient perdu la vie sur les chantiers.

Mais comme l’atteste l’interview (en anglais) que vous pouvez visionner ci-dessous, cetteestimation est désormais largement revue à la hausse par le secrétaire général du Comité d’organisation du Mondial. Tout en restant encore très loin des chiffres du Guardian et des différentes ONG qui ont travaillé sur le dossier.

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« Des améliorations doivent être apportées »

Interrogé par Piers Morgan sur le nombre de décès de travailleurs migrants résultant des travaux, Al-Thawadi estime en effet qu’« entre 400 et 500 » sont morts, avant d’ajouter : « Je n’ai pas le chiffre exact ». Un mort est un mort de trop, poursuit-il, c’est simple : tous les ans, nos normes en matière de santé et de sécurité se sont améliorées, du moins sur nos chantiers, ceux du Mondial, à tel point que nous avons des représentants de syndicats allemands, suisses, qui ont commenté cette amélioration. »

L’un des personnages les plus importants du pays, notamment très proche de l’Émir, concède tout de même que « des améliorations doivent être apportées » pour les ouvriers travaillant sur ces chantiers, « qu’il s’agisse de nos normes de santé et de sécurité, de l’amélioration des normes d’hébergement ou du démantèlement du système de Kafala (marché qui repose essentiellement sur des travailleurs africains et asiatiques, ndlr) ».

Des progrès déjà entamés bien avant la Coupe du monde d’aprèsHassan Al-Thawadi qui assure encore « ce sont des améliorations que nous savions que nous devions faire en raison de nos propres valeurs. » Le Mondial n’a eu selon lui qu’un rôle de « d’accélérateur et de catalyseur en raison des projecteurs » sur les questions de droits humains.

Les homosexuels « ne courent aucun risque » au Qatar

Un autre sujet vivement critiqué depuis l’attribution de la Coupe du monde au Qatar est aussi abordé lors de cette interview : la question des droits LGBT +. L’Angleterre et sept autres nations européennes ont notamment été priées de ne pas porter de brassards « One Love », symbole de la lutte contre les discriminations, pendant les matchs, sous peine de sanction sportive pour leurs joueurs.

Sur ce point, le discours du patron du Qatar a apporté dans une réponse très convenue, affirmant que « si cela a été fait spécifiquement pour s’adresser au Qatar, cela me pose un problème. (…) Si les nations européennes avaient prévu de le porter constamment, alors c’est à elles de décider. »

Piers Morgan a ensuite pointé les cartons jaunes attribués aux joueurs qui portaient les brassards « One Love », ce à quoi Al-Thawadi a répondu : « C’est une décision prise entre la FIFA et les nations européennes ». Le secrétaire général du Comité d’organisation enfin insisté sur le fait que les homosexuels ne courent aucun risque à se trouver ou à vivre au Qatar, avançant seulement une différence culturelle avec le monde occidental, notamment dans la manière de se comporter en public. Une manière de ne même pas aborder le fait que l’homosexualité est illégale au Qatar.

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