INFO LE PARISIEN. La scène, d’une extrême violence, avait été filmée la semaine dernière, ce qui a permis l’interpellation du meurtrier présumé. L’homme est passé aux aveux lors de sa garde à vue.
Il a fallu compter chaque coup. Un relevé « particulièrement pénible », confie une source proche de l’enquête. Les enquêteurs du 2ème district de la police judiciaire ont fini par noter le nombre « 20 » après avoir étudié les images de vidéosurveillance. Soit le nombre de coups infligés le 8 novembre dernier, peu avant 6 heures dans la rue Cesària-Evora (Paris XIXe), à une femme de 49 ans. Une agression d’une « extrême violence », selon la même source, dont ne se remettra jamais la victime.
Très grièvement blessée à la tête, cette Parisienne avait été opérée et plongée dans le coma. Un médecin avait noté 30 jours d’incapacité totale de travail. Mais la victime finira par s’éteindre le 11 novembre à l’hôpital de Lariboisière (Xe).
Le même jour, un homme était placé en détention provisoire pour ce meurtre. Cet habitant des Mureaux (Yvelines), âgé de 34 ans, était passé aux aveux lors de sa garde à vue dans les locaux du groupe « Crim ». « J’ai pété les plombs », avait-il tenté d’expliquer.
Un témoin clé fait basculer l’enquête
En visionnant les images, dès le 8 novembre, les enquêteurs remarquent qu’après le déluge de coups, l’agresseur fouille dans les poches de la victime avant de prendre la fuite. Ils remarquent aussi, selon une source proche du dossier, deux employés de la ville de Paris qui assistent à la scène sans appeler les secours ou intervenir.
L’enquête s’accélère grâce au « voisinage ». Les policiers du 2ème DPJ parviennent à mettre la main sur un témoin clé. C’est un commerçant de la rue Cesària-Evora. L’homme a bien vu le meurtrier et la victime, vraisemblablement quelques minutes avant le passage à tabac. Lui n’a pas vu le tabassage. Mais il a vu les deux protagonistes descendre d’un véhicule près de sa boutique.
Retour au centre de vidéosurveillance. Les enquêteurs retrouvent la voiture et zooment sur la plaque d’immatriculation. Dans le fichier des cartes grises, ils apprennent que le propriétaire est un garagiste. En revanche, l’assuré est bien un particulier. C’est leur suspect. Il est interpellé chez lui et placé aussitôt en garde à vue.
Une passe qui tourne mal ?
Cet homme, sans profession, passe facilement aux aveux. Il reconnaît une dizaine de coups. Et ils n’étaient pas violents, minimise-t-il. Pourquoi avoir frappé cette femme ? Le mis en cause explique qu’elle lui a volé quelque chose. Mais quoi ? Finalement, le suspect finit par tout déballer. Selon lui, il a rencontré la victime, qui se prostituait, un peu plus tôt dans la nuit près de la Porte d’Aubervilliers à Paris (XIXe). Elle aurait accepté de monter dans sa voiture pour trouver un coin à l’abri des regards.
Au dernier moment, il aurait changé d’avis et aurait demandé à la femme de lui rendre l’argent. Elle aurait refusé. Un refus à l’origine de ce déchaînement de violence. « Les prostituées sont les premières à subir la bêtise et les frustrations des hommes, soupire une femme dont c’est le métier. Il ne se passe pas une nuit sans qu’il y ait une embrouille ou une agression. Depuis la loi de 2016, les bons clients qui ne faisaient pas d’histoire ne viennent plus nous voir. On se retrouve avec la lie de la société. »
Le 13 avril dernier à Paris, près de 130 personnes, selon la police, avaient marché entre Pigalle et République à l’appel du Syndicat du travail sexuel (Strass), derrière une banderole proclamant « Travail du sexe, 6 ans que votre loi tue ».