Surmontant l’émotion, devant 23.800 fans qui n’avaient d’yeux que pour elle, malgré le spectre d’une ultime défaite probablement synonyme de retraite, Serena Williams a réussi ses débuts à l’US Open lundi, prolongeant le plaisir jusqu’au bout d’une cérémonie en forme d’hommage finalement prématuré. Les adieux sont plus beaux quand ils n’en sont pas encore. Portée par des « G.O.A.T » scandés des tribunes du court Arthur-Ashe, théâtre de quelques-unes de ses plus grandes victoires – dont six sacres à Flushing Meadows – l’Américaine de 40 ans a fini par briller de plus belle, pour battre la Monténégrine Danka Kovinic en deux sets (6-3, 6-3).
Les diamants sont éternels. Serena aussi. Alors elle avait décidé d’en porter. Pas moins de 400, dans les cheveux, incrustés sur son bandeau, sur sa robe noire et sur ses sneakers, lesdites pierres précieuses dessinant le logo Nike avec des étoiles autour. La « Queen » est entrée dans l’arène dans un fracas de décibels, après une vidéo montrant ses six sacres à Flushing Meadows, commentée par une autre Queen célèbre, Latifah, chanteuse, actrice, productrice, saluant « la reine » qui « ne se laissera jamais abattre sans se battre ».
« La foule était dingue »
Sous les yeux de son époux Alexis Ohanian, de sa fille Olympia et d’un parterre de stars – Mike Tyson, Lindsey Vonn, Hugh Jackman, Spike Lee, Bill Clinton, qui était président quand Williams a commencé à écrire sa légende en 1999 avec un premier titre Majeur à l’US Open –, Serena a rugi, crié, serré le poing et l’a même levé sur le chemin d’une victoire qui vaut bien des triomphes. L’excitation a été à son comble sur sa première balle de match, la bonne, le public se tenant debout avant le service de son adversaire, pour immortaliser l’instant avec les téléphones. « Du jamais vu à Flushing » de mémoire d’un journaliste du New York Times qui a pourtant vu moult matchs historiques.
« La foule était dingue. Ça m’a vraiment aidée à m’en sortir. Je me sens tellement à l’aise, devant tout le monde ici. Quand je rentre sur le court, je veux juste faire de mon mieux, en particulier un soir comme celui-ci », confiera-t-elle plus tard. Victoire en poche, tout le monde a ensuite exulté, dans des gradins où la diversité n’a jamais été autant visible pour un sport longtemps réservé à l’élite blanche. Preuve de l’immense impact de Serena sur son sport.
« Il y a dix ou vingt ans, cet endroit ne ressemblait pas à ça », souligne Tia Green, quinquagénaire venue d’Oklahama City, avec quatre cousins. « Issue d’un quartier défavorisé de Californie, Compton, où il n’y avait pas de courts de tennis… Elle est devenue une inspiration et a dominé le sport. Pour les minorités, elle est une ambassadrice. Elle a montré que l’on pouvait faire des choses que l’on pensait impossibles. »
Dernier tournoi, vraiment ?
Icône au-delà des courts, Serena n’a pas manqué d’être saluée, lors d’une cérémonie d’environ une demi-heure en présence d’une autre légende du tennis, Billie Jean King. « Tu n’as peur de rien. J’adore ça. Et tu détestes perdre. C’est génial. Tu as touché nos cœurs et nos esprits. Merci pour ton leadership et ton engagement pour plus de diversité, d’équité et d’inclusion, en particulier pour les femmes et les femmes de couleur », lui a rendu hommage la militante pour l’égalité des sexes.
« Ensuite » ? Ça se passe mercredi. Parce que Serena la battante compte bien poursuivre sa dernière danse face à l’Estonienne Anett Kontaveit, toute numéro 2 mondiale soit-elle. Et même peut-être encore après… Car l’Américaine, au moment de confirmer en conférence de presse qu’il s’agissait bien là de son dernier tournoi, a laissé planer le doute. « Je suis restée assez vague sur ce sujet, n’est-ce pas ? Je vais le rester parce qu’on ne sait jamais », a-t-elle répondu. Enigmatique.