Avortement : l’onde de choc

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La photo ci-dessus a été prise par un photographe de l’Agence France-Presse le 3 mai 2022 à Los Angeles, en Californie. Ce jour-là, le site Politico a publié un article explosif selon lequel le droit à l’avortement allait être remis en cause par la Cour suprême des États-Unis. Des manifestants s’étaient immédiatement rassemblés dans plusieurs villes du pays pour protester.

La Cour suprême américaine est la plus haute juridiction des États-Unis, elle est très puissante. Les neuf juges qui la composent sont nommés à vie par le président américain. Leur rôle est de dire si les lois votées par l’État fédéral ou par chacun des 52 États sont conformes ou non à la Constitution, la loi suprême qui régit tout le droit américain depuis 1789.

“Gardez vos lois loin de nos corps”

Le 24 juin 2022, comme l’avait annoncé Politico, la Cour suprême a annulé une décision qu’elle avait prise en 1973, l’“arrêt Roe vs Wade”, qui protégeait le droit à l’avortement pour les Américaines dans tout le pays. Désormais, chaque État est libre de promulguer sa propre loi sur l’interruption volontaire de grossesse (IVG). Dès le lendemain de la décision de la Cour suprême, sept États ont interdit l’avortement (Alabama, Arkansas, Kentucky…). De nombreuses procédures ont toutefois été entamées pour tenter d’inverser ces décisions.

“Nos corps, nos choix, nos droits”

Le droit à l’avortement aux États-Unis – et ailleurs dans le monde – oppose les personnes “pro-choice” (“pro-choix”, favorables aux libertés individuelles et à l’avortement) et les “pro-life” (“pro-vie”, souvent proches des mouvements religieux et opposés à l’avortement). Selon un sondage cité par le site Vox, 85 % des Américains sont en faveur du droit à l’IVG, du moins dans certaines circonstances.

“Avorter si je veux, quand je veux”

L’abrogation du droit à l’avortement au niveau fédéral a déjà provoqué la fermeture de cliniques et pourrait avoir des conséquences pour des dizaines de millions d’Américaines à mesure que les États en restreignent l’accès. Certains militants “pro-life” ont célébré une “victoire pour la démocratie”, mais la presse américaine publie de nombreux témoignages de femmes désemparées, qui devront mettre leur santé en danger pour avorter illégalement ou parcourir de nombreux kilomètres pour aller dans un État qui autorise l’IVG.

“Les droits reproductifs sont des droits humains”

Selon The Washington Post, c’est le fonctionnement même de la démocratie américaine qui est en cause. Six des neuf juges de la Cour suprême ont été nommés par des présidents républicains conservateurs (dont trois par Donald Trump), et leurs décisions ne refléteraient pas l’opinion de la majorité des Américains. “Les armes à feu sont mieux protégées que les femmes”, regrettent aussi certains manifestants cités dans la presse américaine alors que la Cour suprême a récemment rendu un autre arrêt en faveur du port d’armes à feu.

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