Après sa chronique, sur le plateau de « C à Vous », l’humoriste Merwane Benlazar, a essuyé des vagues de messages haineux et vu d’anciens tweets déterrés.
TÉLÉVISION – « L’apparence, le physique, la tenue vestimentaire ne doivent pas disqualifier sans aucun fondement. » La ministre de la Culture Rachida Dati est revenue sur la polémique autour de Merwane Benlazar ce mercredi 5 février au Sénat. L’humoriste a fait sa première chronique sur le plateau de l’émission C à Vous le 31 janvier dernier. Un exercice visiblement réussi, où il a été question de la Ligue des Champions et de séquences télé, durant lequel la présentatrice Anne-Élisabeth Lemoine était plutôt hilare.
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Est-ce son apparence physique, une barbe et un bonnet, qui ont suscité chez certains l’envie de fouiller l’historique du chroniqueur sur X (ex-Twitter) ? En tout cas, Rachida Dati n’a pas manqué de l’évoquer, avant d’assurer aux sénateurs que Merwane Benlazar « ne sera plus à l’écran ». Sollicités par l’AFP, le groupe Mediawan – qui produit l’émission – et France Télévisions ont précisé que sa participation n’était de toute façon prévue que pour un seul numéro.
France Télé a d’ailleurs souligné que la chronique de celui qui intervient également sur France Inter n’avait posé aucun problème, ce que n’a pas manqué de rappeler Rachida Dati à la tribune du Sénat. « Y avait-il quelque chose de répréhensible dans la chronique ? Non. L’Arcom n’a donc pas à être saisi », a insisté la ministre au Sénat, qui a en revanche estimé que « des propos scandaleux » tenus par l’humoriste par ailleurs justifiaient qu’il n’apparaisse plus sur le service public.
« Mais l’apparence ne doit pas disqualifier sans aucun fondement », a en revanche pointé Rachida Dati. Elle répondait ainsi à la sénatrice Nathalie Goulet qui s’en est prise à la présence, selon ses mots, d’un humoriste « au look salafiste » sur le service public. Lequel ferait par ailleurs « l’exégèse de la charia » et s’en prendrait aux forces de l’ordre et aux femmes.
À quels propos fait référence Rachida Dati ? La ministre ne l’a pas précisé mais la question de la sénatrice fait écho à l’avalanche de messages haineux qui ont visé Merwane Benlazar. Sitôt sa chronique faite, il a été accusé d’être un « salafiste » en raison de sa barbe et de son bonnet. « Le bonnet de la discorde. De la marque islamiste Zara fabriqué en République islamique du Portugal. Glaçant… », a répondu ironiquement Merwane Benlazar sur Instagram après ce déferlement haineux. Il a par ailleurs passé son compte X en privé.
L’épluchage des messages de Merwane Benlazar
Un délit de faciès ? Alors que la chronique ne comportait aucune mention à la religion, sur X, l’eurodéputée Nathalie Loiseau se voulait particulièrement offensive en se demandant après la chronique de l’humoriste : « Au nom de toutes les femmes, de leur liberté, de leurs droits chèrement gagnés ici et bafoués par les islamistes partout à travers le monde, une seule question : Pourquoi ? » Le député du RN Guillaume Bigot y a vu un signe que « le service public moralisateur passe de la laïcité au prosélytisme religieux avec la bénédiction de l’Arcom ».
Des internautes, dont Nathalie Loiseau, sont allés plus loin en partageant plusieurs captures écran du compte X de l’humoriste, dont certaines datant de 2013. Dans ces messages, Merwane Benlazar fait effectivement référence à l’islam et à ses règles, aux filles, et même écrire les mots « charia » et « harem ». Ces extraits sont souvent des réponses à d’autres tweets qui n’apparaissent cependant pas dans les captures d’écran, et le contexte n’est donc pas précisé.
L’eurodéputée a appuyé son propos par un message où, répondant à une jeune femme dont le livreur n’a pas pu livrer un colis en son absence, Merwane Benlazar évoque « la place d’une femme » qui est « à la demeure auprès de son père ». « Crains ton seigneur. Blâme pas le frère de chez UPS », ajoute-t-il.
S’agit-il des propos scandaleux évoqués par Rachida Dati ? La jeune femme a qui Merwane Benlazar répondait assure qu’il s’agissait d’ironie et non d’une vraie remontrance basée sur une pratique religieuse. Ce sont pourtant bien ces propos qui ont aussi été repris Sénat par la sénatrice Nathalie Goulet lorsqu’elle a interpellé Rachida Dati. Depuis le début de la polémique, Merwane Benlazar a néanmoins pu compter sur le soutien de pléthore d’humoristes dont Laura Felpin, Paul Mirabel, ou encore Guillaume Meurice.
Le HuffPost