POLITIQUE – Face à l’horreur de la situation au Liban, où les bombardements de l’armée israélienne se poursuivent, plongeant la population dans l’effroi et le désespoir, Emmanuel Macron a organisé une grande conférence de soutien à l’Élysée le 24 octobre. « Nous serons là dans l’urgence, comme pour reconstruire un Liban libre et souverain », a-t-il déclaré… avant d’adresser une pique à Benjamin Netanyahu.
Alors que le Premier ministre israélien poursuit bille en tête son projet d’anéantir le Hamas et le Hezbollah au nom de la défense d’une prétendue civilisation judéo-chrétienne, le chef de l’État s’est montré très critique. « Je ne suis pas sûr qu’on défende la civilisation en semant soi-même la barbarie, a taclé le président français. La possibilité d’une civilisation se joue au Liban, dont les origines et les religions sont différentes. » Il s’est aussi prononcé en faveur d’un « cessez-le-feu » rapide et condamné fermement les attaques contre la Finul perpétrées par Tsahal.
De quoi susciter la colère du Crif, qui qualifie les propos présidentiels d’« inacceptables ». « Les mots outranciers employés par le président de la République renvoient symboliquement dos-à-dos les vrais barbares du Hamas et du Hezbollah, qui ont massacré, mutilé et violé des populations civiles, et la riposte d’une démocratie attaquée », écrit l’association communautaire dans un communiqué, employant le terme « gâchis » : « Jamais en France un président de la République n’a eu de tels mots. » En outre, le Crif explique que le rôle de Macron serait plutôt « d’apaiser et de panser les plaies ».
Au moment de la publication du communiqué, les bombes israéliennes continuaient de pleuvoir sur le Liban. Sur la seule journée de jeudi, douze personnes (dont trois enfants) ont été tuées par l’État hébreu. Depuis le 23 septembre, les frappes aériennes sont récurrentes dans le sud et l’est du pays, ainsi que dans la banlieue sud de Beyrouth. Trois journalistes sont également morts ce vendredi 25 octobre dans des bombardements israéliens à Hasbaya, dans une zone qui était restée jusque-là épargnée.
« Faute historique »
Ce n’est pas la première fois que la dénonciation par Emmanuel Macron de l’attitude d’Israël à Gaza et au Liban fait réagir le Crif. Le 15 octobre, son président Yonathan Arfi s’en était pris au chef de l’État qui, en Conseil des ministres, aurait déclaré que Benjamin Netanyahu ne devait pas « s’affranchir des décisions de l’ONU », rappelant que c’est une « décision de l’ONU » qui a « créé » l’État d’Israël en 1948.
« S’ils sont confirmés », ces propos « sont une faute à la fois historique et politique », condamnait alors Yonathan Arfi, pour qui « laisser penser que la création de l’État d’Israël est le fruit d’une décision politique de l’ONU, c’est méconnaître l’histoire centenaire du sionisme ». Quelques jours plus tôt, Macron avait d’ailleurs été hué lors d’une soirée d’hommage aux victimes du 7-Octobre à Paris, organisée… par le Crif.