Le car des joueurs lyonnais mais aussi ceux de leurs supporters ont été visés par des jets de pierres, dimanche soir, provoquant la blessure au visage de l’entraîneur de l’OL puis le report de « l’Olympico ». Retour sur une soirée cauchemar.
« Ce qu’il s’est passé ce soir, pour notre coach et pour nous, était au-delà de toute mesure ». Ces mots sont ceux de Dejan Lovren peu après la décision d’annuler la rencontre opposant l’Olympique de Marseille à l’Olympique Lyonnais ce dimanche soir en raison des graves incidents qui ont eu lieu en dehors du stade Vélodrome. Voici ce que l’on sait sur le déroulé des faits.
Que s’est-il passé ?
Aux alentours de 18h45, le bus de l’Olympique Lyonnais, escorté par plusieurs voitures de police, se dirigeait vers le Stade Vélodrome pour préparer son avant-match quand il s’est retrouvé encerclé par plusieurs « supporters » marseillais. Munis de pierres, les fauteurs de troubles ont brisé quatre vitres, la plupart sur le côté droit, et ont blessé l’entraîneur de l’OL, Fabio Grosso, et son adjoint, Raffaele Longo.
Selon une source policière, six bus de supporters lyonnais ont ensuite été caillassés à l’approche du Stade Vélodrome entre 19h et 19h45, avant l’intervention des CRS. L’un des agents a par ailleurs pris des coups de batte de base-ball et a brièvement perdu connaissance, avant d’être évacué. Sept personnes, dont deux Marseillais, avaient été interpellées en milieu de soirée, selon la préfecture de police.
Comment va Fabio Grosso ?
C’est certainement la question que tout le monde se pose. Chancelant et tenu par deux personnes à son arrivée au stade, le technicien italien, touché au front et à l’œil gauche, est allé directement à l’infirmerie. Il est sorti quelques minutes plus tard avec un imposant bandage sur le haut de la tête.
« Fabio avait reçu un avis médical, il n’arrive pas à tenir une conversation, il n’est pas bien, il a été heurté par des pierres et des éclats de verre. Je pense qu’il avait une commotion »,a expliqué le président de l’OL, John Textor, au micro de Prime Vidéo. Le coach italien a été transféré à l’hôpital pour passer des examens complémentaires. Un médecin lui a posé douze points de suture au-dessus de son œil, entaillé à hauteur de trois centimètres. Plus tard dans la soirée, on l’a vu sur une vidéo tournée par le club lyonnais, avec un pansement sur l’arcade gauche, aller saluer avec ses joueurs les supporters de l’OL restés dans un Vélodrome vide.
Les joueurs et le staff lyonnais ont quitté le stade peu avant 23 heures dans un car de substitution, le leur n’étant pas assez sécurisé malgré la pose d’un carton sur les vitres cassées.
Qui a pris la décision d’annuler la rencontre ?
Qui dit situation inhabituelle, dit réunion de crise. Pendant près de deux heures, et alors qu’aucune des deux équipes n’était partie s’échauffer, dans un Stade Vélodrome qui s’annonçait plein à craquer, une réunion de crise a été convoquée en urgence par la Ligue de Football Professionnel pour savoir quelle attitude adopter quant au maintien ou non de la rencontre. Et seulement cinq minutes avant l’heure prévue pour le coup d’envoi, l’arbitre du match, François Letexier, s’est présenté en conférence de presse pour annoncer le report de la rencontre.
Selon nos informations, l’annonce de ce report, que tout le monde avait anticipée, a tardé pour laisser le temps aux forces de l’ordre de se redéployer aux abords du stade afin d’en sécuriser l’évacuation.
« S’agissant de la décision de l’OL (de ne pas reprendre le match) et du protocole que la LFP a établi en la matière, a été prise la décision de ne pas débuter la rencontre. La rencontre du soir n’aura pas lieu, la décision est désormais actée. La suite des événements, ce sera des rapports établis aux autorités compétentes », a déclaré l’homme au sifflet. Ce verdict a ensuite été affiché sur les écrans géants du stade, sous les sifflets des supporters marseillais, qui ont évacué dans le calme.
« Lors de la réunion de la cellule de crise intervenue à la suite des incidents survenus à l’extérieur du stade Vélodrome sur le trajet de son bus, l’Olympique Lyonnais a fait connaître son opposition à prendre part à la rencontre compte tenu des circonstances. En concertation avec l’Olympique de Marseille et les autorités publiques, la rencontre OM-OL ne se jouera donc pas ce soir », a fait savoir ensuite la LFP.
Les supporters lyonnais, eux, sont restés confinés dans le stade bien plus longtemps. Selon des témoins présents sur place, des saluts nazis ont été effectués et des cris de singe proférés dans une ambiance délétère.
Et maintenant ?
« Il appartiendra désormais à la Commission des Compétitions de se prononcer sur le sort de cette rencontre par application de l’article 544 du règlement des compétitions », a fait savoir la LFP. Que dit cet article ? « Au cas où une équipe ne peut se présenter sur le terrain à l’heure en invoquant des circonstances exceptionnelles liées, notamment, à son déplacement, le match peut être donné à jouer par la Commission des Compétitions après appréciation du caractère exceptionnel des événements ayant empêché l’équipe concernée d’arriver à l’heure. »
Comme les incidents se sont déroulés en dehors de l’enceinte, il serait étonnant que l’Olympique de Marseille soit sanctionné d’un match perdu ou d’un match à huis clos et la rencontre devrait selon toute vraisemblance être prononcée à rejouer. « Le club se plie à la décision prise par la Ligue de Football Professionnel et se tient à sa disposition afin que se déroule dans les meilleurs délais et conditions possibles au Stade Orange Vélodrome la rencontre qui était prévue ce dimanche 29 octobre », a fait savoir l’OM.
De son côté, l’Olympique lyonnais a indiqué qu’il allait « porter plainte ces prochains jours et accompagner toute personne qui souhaiterait faire de même » afin que les voyous ayant ciblé son car soient poursuivis en justice. « Enfin, l’Olympique Lyonnais regrette que ce type de situation se reproduise chaque année à Marseille et invite les instances à prendre la mesure de la gravité et de la répétition de ce type d’incidents avant qu’un drame encore plus grave ne se produise. »